Depuis déjà plus de 20 ans, La danse sur les routes du Québec (La DSR) multiplie les bonnes idées pour faire rayonner la danse hors Montréal. Impossible de passer sous silence l’initiative Jouer dehors, qui permet à des artistes établis ou de la relève d’offrir un spectacle conçu pour être présenté hors des salles conventionnelles depuis déjà 10 ans partout à travers le Québec. Une aide dont a pu bénéficier Emmanuel Jouthe, directeur artistique de Danse Carpe Diem, pour Écoute pour voir.
Après avoir dansé avec plusieurs figures importantes de la danse contemporaine, Emmanuel Jouthe a cofondé la compagnie Danse Carpe Diem en 1995. C’est quatre ans plus tard que le chorégraphe et interprète devient l’unique directeur artistique. Dans le cadre de sa carrière, le passionné s’est démarqué par son intérêt pour les territoires scéniques qui sortent de l’ordinaire et le lien du public à la danse. Au nombre de ses œuvres marquantes, on compte Écoute pour voir (2008), Suites perméables (2015) et Chairs miniatures (2015).
Écoute pour voir présente divers solos. En tête-à-tête, un danseur et un spectateur – munis d’écouteurs – peuvent vivre un moment artistique d’une haute intensité. Les options sont par contre multiples: un individu peut choisir de passer d’un danseur à un autre, ou de regarder le tout de loin. Cette œuvre était toute désignée pour bénéficier du programme Jouer dehors. «C’est un programme merveilleux, une plateforme fantastique. Jouer dehors a permis à la compagnie de présenter Écoute pour voir dans des sentiers moins communs ou conventionnels. Jouer n’aide pas seulement les artistes, ça aide une discipline», souligne Emmanuel Jouthe.
Programme de perfectionnement professionnel aux multiples facettes, Jouer dehors offre aux artistes sélectionnés plus de 50 heures d’accompagnement individuel selon les besoins spécifiques de chacun. Plusieurs formations de groupe abordent également les réseaux de diffusion, le positionnement d’un spectacle, les temps forts de la diffusion, le cycle de vie des productions et la détermination du cachet. Dans le cas d’Emmanuel Jouthe, cette aide a notamment pris la forme de professionnalisation des outils de présentation d’Écoute pour voir: «La DSR nous a donné un coup de pouce pour préciser, formuler et imager notre proposition. Bref, à attirer efficacement l’attention des diffuseurs avec notre proposition.»
Jouer dehors, littéralement
Celui qui se passionne pour le développement de nouveaux publics est très conscient de l’apport de La danse sur les routes du Québec dans le paysage québécois de la danse. «Nous avons été très choyés par ce programme. Sinon, on n’aurait jamais pu aller jouer à Saint-Siméon ou Péribonka, par exemple. Jamais en 100 ans. Pour l’instant, la danse contemporaine n’attire pas assez de personnes en salle», indique l’artiste.
C’est là que l’initiative Jouer dehors prend tout son sens selon Emmanuel Jouthe. «Dehors, on a accès à tout le monde. On va chercher le public. Les passants peuvent être touchés par ce qu’on propose. À l’extérieur, c’est convivial: peut-être qu’on pourra convaincre une personne de s’arrêter. Je pense que ça peut aiguiser la curiosité du public. C’est une excellente manière de prendre contact. De fil en aiguille, je suis convaincu que cet art se propage de la bonne manière.»
Enthousiaste face aux perspectives de Jouer dehors, Emmanuel Jouthe est convaincu que cette initiative est là pour durer. «Je suis certain que ça fait déjà des adeptes. C’est un véhicule vraiment porteur, à l’image de la danse contemporaine. Nous sommes dans un milieu très réactif, très à l’affût des changements. La danse sur les routes du Québec en est la représentation parfaite.»
*Entrevue réalisée à l’été 2018.