Ce projet s’est articulé autour d’un ensemble de dix-huit « pratiques » aux textures variées, certaines strictement liées à la danse et d’autres issues d’une dispersion de mes quasi-obsessions – de la parole (et du chant) à l’envers au filage au sabre laser. Chaque pratique s’inspire d’une traduction récente de l’Odyssée d’Homère par Emily Wilson (2017) – la première version rédigée par une femme érudite, acclamée pour sa perspective critique contemporaine sur ce mythe fondateur.
J’ai découvert la version étonnamment subversive de Wilson à un moment où je réévaluais ma propre conception de la masculinité et de la virilité – deux notions qui fusionnent malheureusement trop souvent. L’Odyssée présente un modèle occidental précoce de certaines des notions incontestées et ambivalentes de la masculinité qui prévalent aujourd’hui. Ayant moi-même lu le mythe pendant mon enfance, je crois que ma propre « sous-structure » masculine a émergé, en partie, en réponse à ces histoires de « roi guerrier » et de « noble vagabondage » à son retour de dix ans de la guerre de Troie. L’Odyssée de Wilson est plus discutable et beaucoup moins héroïque : un capitaine raté, arrivant à Ithaque seul après avoir mené son équipage à la mort ; antisocial et adultère ; une figure colonialiste menteuse et en maraude.
18 PRACTICES n’est pas une pièce « sur » l’Odyssée, mais plutôt une « réponse » dansée au poème. La métaphore archéologique du « palimpseste » a été notre guide : des textes anciens, grattés sur des parchemins pour faire place à des documents plus récents, mais qui restent visibles en dessous. La pièce cherche donc à explorer les traces complexes et stratifiées des récits et des comportements existant sous le « je » apparemment stable.