Défendre à quelqu’un de faire l’amour, ce serait nier sa nature d’être humain. Gabrielle à le syndrome de Williams, Anthony celui d’Asperger et Roxane celui de X fragile. Maïgwenn elle, est neurotypique, c’est-à-dire sans diagnostic. «Avec pas d’coeur» pose un regard lumineux sur l’intimité et sur notre droit d’y avoir accès, que l’on vive avec un handicap ou non. Une performance unique de danse, de gigue contemporaine et de chant, interprétée avec une authenticité déstabilisante par des artistes atypiques, portant eux-mêmes leur histoire sur scène.
Sur scène, un banc, une patère, quatre interprètes et un micro. Les corps se donnent d’abord avec réserve, puis finissent par exploser, sans retenue. La voix elle, se fait douce, fragile, cassée, puis forte et déchaînée. Elle s’affirme à travers le chant et les prises de paroles. Les interprètes s’agrippent et se repoussent, se veulent et se rejettent. Le désir d’être touché, de toucher. Vouloir l’autre, mais refuser l’accès à son intimité.
Comme toutes les oeuvres de la compagnie, «Avec pas d’coeur» se veut un médium pour entrer en contact direct avec le public, allant le chercher là où il s’en attend le moins, en le prenant par surprise grâce à une approche chorégraphique, narrative frontale et sans détour.