L’œuvre chorégraphique Les jeux du crépuscule réunit les sept artistes impliqué·es dans Mouvement de passage autour d’une transcendance par la scène de leurs mémoires intimes et collectives. Lors de Mouvement de passage, les danseur·euse·s et un·e musicien·ne se déplacent de chambre en chambre afin d’aller à la rencontre de celles et ceux qui, en perte d’autonomie ou en fin de vie, y habitent. La danse et la musique s’intègrent alors à leur quotidien, vecteurs de partage, d’interaction, de rencontre humaine.
Marqué·es par leurs rencontres avec les résident·es de CHSLD, les artistes des jeux du crépuscule plongent ensemble et individuellement dans l’expérience, faisant revivre des moments partagés, composant autour de leur propre vieillissement, livrant une pluralité de récits et d’expériences personnelles, au sein d’une pièce de danse documentaire qui se déploie en différents tableaux parfois très physiques et festifs, parfois touchants, intimes ou dramatiques. L’aspect multi-couche de l’œuvre trouve sa complétude dans son ensemble, de par la variété de tableaux qui rappelle sans l’illustrer la variété de rencontres faites en CHSLD, dans un collage irréductible de nos humanités. Du fait que l’œuvre s’ancre à des réalités comme le vieillissement et la fin de vie, avant même de traduire des problématiques sociales, celle-ci fait écho à notre condition humaine. Ainsi, la proposition transcende les différences, expose ce que nous partageons et qui ultimement nous unit. Ceci offre un tout autre regard sur la situation du vieillissement et des centres d’hébergement au Québec que celui normalement véhiculé. Au sein de l’expérience des Jeux du crépuscule, le spectateur.trice traverse l’œuvre sans jamais s’y perdre ou s’y sentir confiné. Il.elle en vient à se servir de sa propre boussole pour s’avancer sur un territoire intime, le sien. Comme Les jeux du crépuscule se joue entre la légèreté et la gravité, le spectateur.trice s’y projette comme témoin et confident, acteur.trice de sa propre réalité.
L’œuvre est imaginée comme un manifeste en éloge à la maladie comme partie intégrante de la santé, comme processus, comme transformation. Nous vieillissons tous au même rythme. En se portant à la rencontre d’autres générations, nous rencontrons d’autres parties de nous-mêmes. C’est à notre propre fragilité intérieure que revient la responsabilité de ré-enchanter le monde.