Sur une scène dépouillée, les danseurs s’élèvent, fiers, fragiles et lumineux comme le marbre. Les figures se succèdent, les corps nus se replient sur eux-mêmes, s’élancent les uns vers les autres. Par-delà les étreintes persistent la solitude des êtres et leur rêverie nimbée de tristesse.
En contrepoint aux lignes invisibles qu’il trace dans l’espace, Daniel Léveillé évoque ces moments en creux où le temps semble suspendu et où le spleen menace. Il en retient une douceur jusqu’alors inusitée dans son esthétique rigoureuse, minimaliste et exigeante. Quatuor à géométrie variable, cette nouvelle pièce fait parfaitement écho à celles qui l’ont précédée, donnant à voir l’œuvre d’un chorégraphe en pleine maîtrise de son langage et des danseurs au sommet de leur art. Bon génie de la mélancolie, le son voilé d’une musique d’un autre siècle accompagne les interprètes dans un spectacle où la tristesse perd sa gravité.