Lentement, se dissoudre. Non pas disparaître, mais s’additionner, se multiplier, s’amalgamer. Comme le sucre dans un thé. Là où le temps se dilate, la consistance des heures est si légère, prise en étau entre un passé révolu et un futur incertain. Délicatement, l’interprète Marie-Philippe Santerre danse cette trajectoire inconnue, ciselée, faite de contrastes, de modulations, de répétitions, de pulsations. Après « L’affadissement du merveilleux » qui avait marqué les esprits des spectateurs de l’Agora de la danse en 2018, la chorégraphe québecoise Catherine Gaudet poursuit sa recherche sur l’ambiguïté comme vecteur de sensation et d’évocation. Avec finesse, elle fait émerger du fond des êtres, ce qui nous compose, dans notre dureté, notre complexité, notre simplicité. Le corps se fait écran tendu, prêt à accueillir les images, les impressions et les sensations qui font de nous ce que nous sommes, dans tout ce que nous contenons d’avouable et d’inavouable. Entre le flottement et la suspension, individuellement et collectivement, nous sommes l’écran de projection d’un film dont nous sommes aussi l’acteur.